Il se caractérise par un fonctionnement participatif. L’équipe du lieu dans son ensemble contribue à la conduite du projet, à son évaluation, son actualisation, à la gestion (commune), et assure la responsabilité éducative, globale et partagée, des activités en fonction des besoins, des nécessités et des compétences.


Là où le LVA ALIAS se veut être une structure «soignante», c’est en souhaitant l’émergence d’un processus thérapeutique pour les jeunes accueillis par le cadre contenant du LVA, par la permanence de l’accueil, l’engagement des accueillants, par l’espace de vie et les interactions relationnelles qui s’y déroulent, par le partage de la vie quotidienne, le cadre d’écoute, et de verbalisation. Il s’agit d’un processus qui s’appuie et s’étaie avec les partenaires du soin. La mise en oeuvre d’une démarche d’individuation et de personnalisation participent aux effets soignants et doit permettre au jeune de s’identifier et de trouver un équilibre entre se conformer et se différencier. Le LVA ALIAS fait appel à des relais et sollicite des compétences complémentaires à ce qui est proposé, les permanents et éducateurs n’ayant pas toutes les compétences (bénévoles, animateurs,
thérapeutes et établissements spécialisés, …).


Comme la grande majorité des LVA, ALIAS a fait le choix du statut associatif, régi par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901, ayant pour titre : « ALIAS-63 » Accueil Local d’Innovation et d’Actions Sociales. Notre préférence s’est portée sur ce statut car l’implication de
citoyens et bénévoles de part leur engagement garantit la mise à distance dans la gouvernance, l’organisation et le fonctionnement de la structure et participe à toute prise de décision engageant le devenir de l’équipe et du LVA en lui-même.

L’association «ALIAS-63» s’articule autour de thèmes qui nous paraissent comme les fondements de notre proposition. Nous souhaitons nous affirmer autour de valeurs telles que la nécessité pour les jeunes d’atteindre et d’accéder à leur autonomie par les apprentissages, par de la pédagogie, par l’orientation et la co-construction du projet personnalisé. Le Lieu de vie donne la possibilité à chaque jeune, s’il se saisit de notre proposition, « l’émergence d’un processus de changement ». Le cadre contenant proposé, la permanence de l’accueil et l’engagement des accueillants, l’espace de vie et les interactions qui en découlent, l’effet structurant des espaces d’accueil (et d’activités), le cadre d’écoute et de verbalisation favorisent un mieux-être chez les adolescents accueillis.


Nous proposons une prise en charge dans la globalité de l’enfant que ce soit en terme d’accueil, de travail avec les familles, de RDV, d’ateliers de médiations, d’observations, de diagnostic et d’analyse clinique de la problématique de chaque jeune, ce qui compose l’accompagnement éducatif de manière générale. Nous proposons des activités en évitant d’être dans de « l’occupationnel » mais plutôt en cohérence avec le vivre ensemble sur un lieu de vie et qui est à la fois autant celui des accueillants que des accueillis. L’activité peut être utilisée entièrement comme apprentissage à la vie professionnelle, mettre un pied à l’étrier, ou comme médiation éducative, voire thérapeutique. Le quotidien rural est donc une occasion éducative d’autonomie, de responsabilité, de dépassement, de socialisation. Enfin, notre projet offre à chaque jeune la possibilité de vivre dans une ambiance collective de type familiale, dans laquelle la relation pourra se construire pas à pas et dont la permanence est significative pour chacun des adolescents accueillis. Ce repère leur permet d’accéder à un rythme, à un noyau collectif protecteur et sécurisant. Tout L’enjeu des éducateurs est de développer l’attachement comme outil relationnel et ainsi de permettre à l’enfant «blessé» de structurer sa personnalité, de continuer à se construire dans un milieu stable et bienveillant, et d’expérimenter la solidité du lien, travailler sa relation à l’Autre en comprenant ce qui fait difficulté pour pouvoir les dépasser et se dépasser.


Dès son entrée au LVA, le jeune va trouver d’autres jeunes ce qui crée une dynamique de groupe et un sentiment d’appartenance à un lieu spécialement pensé pour eux, et à eux. Tout l’enjeu est donc qu’ils s’approprient ce lieu collectif et le fassent vivre en l’adaptant à leurs besoins et à ceux qui y vivront plus tard. Les salariés du lieu (permanents et autres intervenants) sont là pour les y aider et les accompagner dans leurs projets personnels mais aussi collectifs dans le «vivre ensemble».

Pour grandir, l’enfant doit savoir d’où il vient et doit apprendre à se séparer de ses parents pour se projeter en ayant suffisamment confiance en lui et les autres. Pour aborder sa vie d’adulte, l’enfant doit passer par des apprentissages, consolider ses acquis et devenir de plus en plus autonome. Au LVA tous les jeunes seront confrontés à la réalité de la gestion de la vie quotidienne, du vivre ensemble, et avec soi-même dans  » l’ici et maintenant ”. L’accompagnement est très serré, dans un “marquage à la culotte” nommé ainsi, pour signifier la nécessité de ne rien lâcher avec les enfants accueillis jusqu’à ce qu’ils comprennent l’impact de leurs comportements et la nécessité du changement.


Et c’est ainsi qu’ils pourront appréhender les limites et affronter les difficultés personnelles et collectives, sans violence physique ou verbale. C’est en acceptant la Loi comme une contrainte permettant de vivre ensemble que les jeunes pourront passer de l’errance au choix de vie. Ces propositions d’interventions sur-le-champ visent à résoudre des symptômes négatifs d’un individu, autrement dit, à diminuer les troubles comportementaux et résoudre des situations relationnelles problématiques. Nous proposons donc à ces jeunes de prendre ce risque, avec nous, pour les aider à faire ces apprentissages avec la permanence du lien. Il s’agit de prendre le risque de la rencontre, prendre l’Autre en compte et ce que cela implique pour chacun d’entre nous, jeunes et adultes compris. Pour cela, nous demandons aux jeunes accueillis d’adhérer ou à défaut de susciter son adhésion à la proposition que nous leur faisons et, en tout cas, lorsque l’enfant a la maturité nécessaire, de le faire participer à sa propre protection et de lui faire au moins comprendre les raisons des mesures qui sont prises pour lui. Même si certains troubles sont visibles tout le long de son placement, nous ne demandons pas aux jeunes d’adhérer à toutes nos propositions mais au moins de s’impliquer dans ce qui lui est demandé de faire au quotidien, de venir aux entretiens éducatifs, de prendre le risque de la parole, de la discussion, du débat d’idée, de participer à la vie du lieu, d’agir ou même de penser sans qu’il y ait une opposition systématique. Adhérer au projet du LVA c’est aussi adhérer à son propre projet, le Projet Personnalisé, ou en tout cas à l’accompagnement éducatif proposé. Il doit pouvoir, le plus possible, respecter les règles de fonctionnement du LVA. Même s’il y a transgression, il tente d’en comprendre le sens et se repositionne pour ne plus répéter la transgression. Adhésion ne signifie donc pas absence de troubles du comportements, ou absence de divergence. Le temps passe et encore plus pour ces enfants et il nous semble important qu’ils comprennent la nécessité pour eux d’accéder au plus vite à une vie autonome pour préparer l’après 18 ans. Vouloir rester au LVA le temps du placement même si ce n’est pas un choix, même si c’est difficile, doit être une volonté exprimée par les enfants accueillis.

Depuis l’ouverture en 2018, l’évolution et l’articulation des interventions autour de la notion de milieu est continue. Comment le définir pour nous? Le milieu serait ce cadre de vie, à la fois géographique, social et culturel. Il est l’environnement où vivent l’enfant et le collectif, pris dans sa dimension naturelle, humaine et relationnelle, ainsi que dans les pratiques culturelles qui lient ces humains. Ainsi, lorsque nous souhaitons une ouverture à tout prix pour les enfants, c’est souvent grâce au milieu rural et campagnard (faune et flore, us et histoire), grâce aux liens avec la dynamique du territoire (association, clubs, animations…), par des pratiques d’entraide et de solidarité en interne comme en externe et par un réseau d’acteurs locaux. Nous leur proposons de s’intégrer au fur et à mesure du placement à la vie locale, dans la rencontre de «l’Autre» et d’adhérer aux valeurs véhiculés auxquelles l’équipe prête toujours attention: respect de soi, des animaux, vie active et participative, aspect humaniste, écologique et austère et conviviale.
Les lieux (le LVA, le village, les Combrailles, …) ont une histoire, une âme, qui seront transmises. L’enfant doit avoir la possibilité de s’approprier ces éléments comme étant également les siens. Les lieux vivent, et ils s’inscrivent au centre des quotidiens. Le milieu est nourricier (les jardins), il est ressource (bois de chauffage,argile, plantes), il est source d’opportunités (cabane, balades, rencontres, intérêt commun et émulations collectives, etc). Le milieu dépend des éléments qui transcendent l’humain, et les saisonnalités des activités en sont la conséquence. Bref, il est au centre de nos propositions de supports éducatifs. Ce lieu, nous cherchons à le faire exister par-delà les individualités et les problématiques individuelles, autant que faire se peut. Car bien sûr l’accompagnement spécifique des enfants est la mission première, mais nous faisons le pari de supports qui appellent avant tout au dépassement de l’Ego, au repositionnement de soi dans un tout qui enracine.
Le lieu appartient à ceux qui y résident et le font vivre. En ce sens, les activités proposées aux enfants, bien souvent, sont également une recherche de cohérence avec les besoins du lieu. Trouver ce qui permettra, par delà la médiation de l’activité même, d’inscrire les enfants dans ces lieux, qu’ils y laissent une trace ou en reçoivent une forme de transmission, qu’ils puissent ressentir un sentiment d’appartenance. Il s’agit ici d’ancrage. Un enracinement des enfants dans un lieu et son histoire, un enracinement du quotidien qui prend alors sens par delà les problématiques individuelles de tout un chacun.